L’anxiété de performance, on en entend beaucoup parler… Mais qu’est-ce que c’est, exactement ? Comment se manifeste-t-elle chez les enfants ? Et surtout… Que faire pour aider son enfant lorsqu’il souffre d’anxiété scolaire ?

À RETENIR
  • L’anxiété de performance est très différente du stress, qui, lui, peut permettre à l’enfant de mobiliser des ressources, face à une évaluation ou un examen du Ministère, par exemple.
  • L’anxiété de performance, c’est l’anticipation de l’échec face à la source de stress.
  • À l’école, l’anxiété de performance peut se manifester de multiples manières, autant en ce qui a trait aux émotions (peur de l’échec, angoisse…) que dans le comportement de l’élève (perfectionnisme, stratégies de fuite…), que cognitivement (ruminations, perceptions négatives de soi…), et même physiquement (tensions, maux de ventre…)
  • Une des sources de l’anxiété de performance est le décalage entre les attentes de résultat du jeune et sa perception de sa capacité à réussir.
  • L’estime de soi, les perceptions et croyances face à ce qu’est la réussite sont également des éléments importants qui ont un impact sur l’anxiété de performance, de même que les valeurs, attentes et attitudes de l’entourage et de l’environnement dans lequel l’enfant évolue.
  • Pour aider votre enfant, une réflexion sur vos propres peurs et croyances face à la réussite scolaire peut être nécessaire. Votre enfant bénéficiera de votre soutien et de votre valorisation de ses forces dans d’autres domaines. Vous pouvez l’aider à mettre en place une bonne hygiène de vie, une saine gestion de ses émotions et des outils pour mieux vivre son anxiété.

Comme parent, on peut se sentir démuni lorsque notre enfant vit de grandes angoisses face à ses résultats scolaires. Qu’est-ce que l’anxiété de performance ? D’où provient-elle ? Comment aider notre enfant à sentir plus compétent et confiant face aux examens du Ministère et aux évaluations ? Quelles interventions permettent de le soutenir ?

#1 : Comment distinguer l’anxiété de performance du stress ?

L’anxiété de performance est à distinguer du stress, qu’il est normal pour les élèves de ressentir lors, par exemple, de la passation d’examens.

Stress

Le stress est une réponse de notre corps visant à mobiliser nos ressources, et qui, dans son niveau optimal, nous aide à être performant.

Anxiété

L’anxiété, elle, a à voir avec l’anticipation que l’on fait de la source de stress.

Elle peut devenir envahissante et disproportionnée, ce qui peut devenir la cause de beaucoup de souffrance.

Le stress, lorsqu’il n’est ni chronique ni aigu, peut avoir des effets bénéfiques, car il met l’organisme dans un état de mobilisation et de performance maximal ; toutes sortes de situations de la vie (travail, relations interpersonnelles, évènement de la vie…) peuvent provoquer une réaction de stress.

À l’opposé, l’anxiété de performance est circonscrite à un moment d’évaluation et elle est directement reliée à la peur d’échouer. Elle ne permet pas de mobiliser ses pleines capacités et est caractérisée par une grande intensité. Parfois, elle peut même paralyser l’élève, qui se retrouve submergé.e par l’angoisse.

L’anxiété de performance n’est donc pas une réaction physiologique du corps face à un événement extérieur comme l’est le stress, mais bien un état affectif induit par l’anticipation d’une évaluation et la peur de ne pas réussir.

#2 : Qu’est-ce que l’anxiété de performance ?

Être anxieux, c’est anticiper ce qui pourrait arriver et ne pas tourner à notre avantage, dans une angoisse de ne pas parvenir à surmonter la difficulté qui pourrait survenir.

Pour un enfant, cela veut dire avoir peur de ne pas réussir ou de ne pas être à la hauteur des attentes (les siennes ou celles d’un parent, d’un professeur, de ce que la société attend de lui/elle…).

L’élève appréhende ce qui va arriver, et cela peut mener à des ruminations mentales incessantes, des pensées intrusives, qui viennent occuper son espace mental.

Le discours intérieur peut répèter en boucle la cassette : « je ne suis pas assez bon.ne », « je ne vais pas y arriver », « de toutes façons, je suis nul.le », etc…

Ce faisant, l’enfant perd sa confiance en sa capacité à surmonter l’obstacle ; sa peur d’échouer peut prendre le dessus, nourrissant à son tour son discours négatif, dans un cercle vicieux qui s’auto-alimente.

l’anxiété générée par l’anticipation d’un échec ou par l’appréhension qu’a une personne quant à sa capacité à accomplir une tâche ou une action, ou à les accomplir conformément aux attentes.
Office québécois de la langue française 1

#3 : Comment l’anxiété de performance se manifeste-t-elle à l’école ?

Chez l’enfant, l’angoisse de performer peut donc se manifester de différentes manières dans l’environnement scolaire :

Émotionnellement

  • Peur d’échouer
  • Angoisse face à une tâche ou un devoir à réaliser
  • Peur de décevoir ses professeurs ou ses parent
  • Crises d’angoisse ou de panique potentielles

Physiquement

  • Maux de ventre et troubles digestifs
  • Maux de tête
  • Agitation
  • Difficultés à dormir
  • Tremblements
  • Tensions musculaires

Cognitivement

  • Croyance de ne pas être assez bon.ne, de ne pas être à la hauteur
  • Ruminations mentales
  • Pensées intrusives
  • Difficultés à se concentrer sur le travail à faire
  • Perceptions négatives de soi
  • Manque de confiance en sa réussite face à un examen, un travail d’équipe, une présentation…

Comportementale-ment

  • Fuite, comme stratégie d’évitement du « danger » perçu et de l’échec anticipé
  • Besoin constant d’approbation et de validation
  • Perfectionnisme
  • Travail à outrance, comme stratégie pour se rassurer
  • Opposition et refus du travail à faire
  • Évitement des critiques

#4 : D’où provient l’anxiété de performance ?

L’anxiété de performance scolaire provient du décalage entre les attentes de résultat que perçoit l’élève (ou qu’il/elle se fait une obligation d’atteindre) et son sentiment de compétence personnel.

Ce « sentiment d’efficacité personnel »2 se définit comme l’évaluation que chaque individu se fait de sa capacité à réussir une tâche. Plus ce sentiment de compétence est bas, plus le risque d’anxiété de performance est élevé. Celle-ci est donc fortement reliée à la valeur que se donne un individu.

Dans le cadre scolaire, un.e élève ayant un faible sentiment d’efficacité personnel se sent peu capable de réussir et aura donc :

  • Plus de risque d’abandonner en cours de route
  • Moins tendance à aller chercher l’aide nécessaire
  • Plus de difficulté à être motivé et à voir ce qu’il/elle réussit
  • Plus enclin.e à voir les difficultés que se concentrer sur les moyens et stratégies pour les surmonter
  • Plus de risque d’avoir une mauvaise estime de lui/elle-même, si elle estime que la tâche à accomplir est importante

En lien avec ce faible sentiment d’efficacité personnel, l’enfant peut également avoir une faible estime de lui-même. Il se perçoit alors comme une personne qui a peu de valeur, et tenter de se valoriser à travers la réussite académique, d’autant plus si, en tant que parent, on y attribue une très grande importance, en comparaison à d’autres sources de valorisation.

Dans ce cas, cela peut alimenter l’anxiété de performance, car l’enjeu de réussite devient d’autant plus grand pour l’enfant. Le jeune peut vivre un grand sentiment d’échec et se dévaloriser, voire même ressentir de la honte, s’il n’atteint pas les objectifs attendus. L’échec alimente alors son angoisse et sa peur de ne pas réussir, qui nourrit à son tour une faible estime de soi.

La perception et les croyances que le jeune a concernant la réussite peuvent aussi contribuer à sa peur d’échouer, contribuant ainsi, pas toujours consciemment, à l’anxiété de performance scolaire. En voici quelques exemples :

  • Généraliser de manière exagérée : « La réussite à cet examen détermine toute la suite de mon parcours scolaire et ma carrière future », « J’ai eu 40% au dernier examen de maths, je vais sûrement rater le prochain aussi. »
  • Croyance que l’échec et/ou la réussite à un examen est une fin en soi
  • Croyance d’être incapable de surmonter un échec, de ne pas pouvoir s’en remettre ni se relever
  • Perfectionnisme et difficulté de se donner le droit à l’erreur
  • Vision du parcours scolaire basée sur les critères de réussite et non d’apprentissage
  • Pression de parvenir à des résultats qui sont irréalistes

Ces perceptions et ces croyances peuvent être alimentées par une tendance naturelle de l’enfant au perfectionnisme et à l’anxiété, mais aussi par les valeurs de l’environnement dans lequel il évolue, que cela soit au niveau familial, scolaire, communautaire ou sociétal.

Plus les différents environnements dans lesquels le jeune gravite mettent l’accent sur la performance et relient la valeur d’un individu à sa réussite scolaire et ses résultats, plus cela peut contribuer à l’anxiété de performance. En ce sens, l’attitude et les perceptions de ce qui fait la valeur du jeune par son entourage ont une très grande influence sur sa propre image de lui-même et des attentes de ce que signifie sa réussite.

#5 : Comment aider mon enfant qui vit de l’anxiété de performance ?

Votre enfant souffre d’anxiété de performance ? Vous aimeriez qu’il/elle puisse reprendre confiance en ses capacités et mieux vivre les moments d’examens ? Vous êtes en quête de repères pour mieux l’accompagner et du même coup, rendre votre vie familiale plus sereine ?

En tant que parent, vous avez un rôle tre`s important à jouer et pouvez aider votre jeune à mieux comprendre ce qui se passe en lui/elle (mais aussi, en vous…!). Voici quelques pistes de réflexion et d’intervention pour accompagner votre enfant face à l’anxiété de performance scolaire.

Pistes de réflexion et d’intervention
  • De quelle manière se manifeste l’anxiété de performance chez mon enfant ? Quels sont les contextes dans lesquels elle est plus/moins forte ?
  • Comment puis-je aider mon enfant à se sentir mieux avant une évaluation ou examen ? De quoi a-t-il/elle besoin ? Comment l’aider à garder une bonne hygiène de vie, un équilibre entre moments d’étude et de détente ?
  • De quelle manière puis-je l’aider à voir les apprentissages qu’il/elle réalise à travers les échecs et erreurs ?
  • Quelles sont les croyances de mon enfant face à la réussite et à l’échec ? D’où viennent-elles ? Quelles sont mes propres croyances face à ces enjeux ?
  • Quelles interventions puis-je faire auprès de mon enfant pour renforcer son estime de lui-même, par rapport au contexte scolaire, mais aussi dans d’autres domaines ?
  • Au quotidien, de quelle manière est-ce que je valorise ses forces et qualités ?
  • Comment puis-je mettre en lumière les stratégies et difficultés qu’il/elle a réussi à surmonter dans le passé, les progrès et apprentissages réalisés ?
  • Comment puis-je l’aider à se fixer des objectifs réalistes, mesurables et atteignables ?
  • Comment puis-je aider mon enfant à voir sa valeur de manière plus globale, et non pas seulement à travers les résultats scolaires ?
  • Quels outils aident mon enfant à diminuer son anxiété (sport, méditation, relaxation, respiration…) ?
  • Comment aider mon enfant à exprimer les émotions qu’il ressent face à un examen ou à l’échec ? A-t-il peur d’être humilié, rejeté, d’avoir honte, des réactions de son entourage, etc… ?

Vous sentez que vous avez besoin de plus d’aide pour trouver vos repères et définir les interventions les plus adéquates pour votre famille ? Un.e professionnel.le peut vous aider à accueillir toutes les émotions que vous vivez en vous offrant un espace d’écoute sécuritaire, confidentiel, ouvert et bienveillant. Les inquiétudes et émotions que vous vivez sont bien réelles et en parler peut vous faire du bien.

De plus, un travail thérapeutique peut vous permettre de mieux comprendre ce à quoi le comportement de votre enfant fait plus profondément écho en vous, à faire la lumière sur ce qui vous appartient et ce qui est réellement en jeu pour vous dans la situation actuelle. La thérapie en relation d’aide peut par exemple vous aider à identifier les éléments suivants :

  • Quels sont les outils et ressources à votre disposition pour mieux faire face à cette situation?
  • Quelle part de votre propre histoire résonne dans la situation actuelle ?
  • En quoi ce comportement vient-il toucher vos valeurs et/ou votre image de parent ?
  • Quelles sont vos attentes et vos peurs par rapport à votre enfant et sa réussite scolaire ?
  • Comment mettre plus d’emphase sur le bien-être de mon enfant, plutôt que sur ses résultats scolaires ?

Dans tous les cas, je vous souhaite de trouver les réponses, le soutien et les outils qui vous permettront de faire face à cette situation, difficile à vivre pour vous également…
Bien à vous,

Pascale.

1 OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE , « Anxiété de performance », Définition https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8384646/anxiete-de-performance

2 LECOMPTE J. , « Les applications du sentiment d’efficacité personnelle », https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8384646/anxiete-de-performance